NOTES

* Il presente saggio, originariamente comparso su "L'année sociologique", 1998, n. 48, n. 2, pp. 319-351, è messo a disposizione on-line per gentile concessione dell'autrice che ha dato esplicita autorizzazione a riguardo e limitatamente al forum Proust 2002 per www.luglieditore.com.

1. J'utiliserai en particulier les textes suivants: A. Henry (1978, 1983, 1986);

S. Gaubert (1980); M. Raimond, L. Fraisse (1989); E. Moine (1970)(1987); P. V. Zima (1973); L. Belloï (1993); J. Dubois (1997).

2. Il semble d'ailleurs que l'on ait souvent exagéré cet antagonisme comme l'ont révélé des lectures plus récentes de ces débats, voir M. Dubois (éd.), 1994.

3. Dans cet ouvrage, p. 88, A. Henry cite deux textes qu'elle a écrits sur l'influence de Tarde sur Proust (Henry, 1978, 1983).

4. C'est aussi la position de Revel (1964) qui écrit: "La politique est toujours presente dans La Recherche, d'abord sous forme de l'affaire Dreyfus..." (p. 120).

5. Voir Compagnon (1983): "Proust a voulu illustrer combien ces choix (de positions) furent imprévisibles. [...] Proust fut dreyfusard, son frère bien plus encore. Allez savoir pourquoi. Il est certain en revanche que la carrière de Lanson profita du dreyfusisme. Elle ne fut pas la seule. Durkheim par exemple [...] monta de Bordeaux à Paris à la faveur de l'Affaire, qui lui permit de se lier et d'être reconnu parmi les universitaires au pouvoir... " (p. 68).

6. Voir Tarde (1890, 1895).

7. Voir le chapitre sur Tarde dans Dubois (éd) (1994).

8. A plusieurs reprises le roman évoque ces débats, en particulier lorsque Brichot se révélant "conformiste", perd de son aura chez les Verdurin. "Il avait peu de sympathie pour la Nouvelle Sorbonne où les idées d'exactitude, à l'allemande, commençaient à l'emporter sur l'humanisme" (A la. recherche du temps perdu, Paris, Gallimard "Bibliothèque de la Pléiade", 1983, t. Il, p. 868). Il faut saisir toute l'ironie de Proust derrière cette réflexion. Durkheim, initiateur de la Nouvelle Sorbonne, était d'ailleurs accusé par ses détracteurs d'étre "alsacien", c'est-à-dire presque "allemand", et en plus juif: Voir Lepenies (1990).

9. Voir "Agathon", 1911 (pseudonyme de deux auteurs, Henri Massis, écrivain, et Alfred de Tarde, avocat et fils de Gabriel), L'esprit de la Nouvelle Sorbonne, la crise de la culture dassique, la crise du français, Paris, Mercure de France. Ce texte marque un des points culminants des attaques contre les sciences sociales naissantes et la sociologie durkheimienne. Cette dernière sera plus tard périodiquement réattaquée en particulier sous Vichy. Voir aussi à propos des positions des universitaires sur l'affaire Dreyfus en fonction des diverses disciplines: A. Compagnon, 1983, La Troisième République des Lettres, de Flaubert A Proust, Paris, Éditions du Seuil.

10. E. Durkheim, 1975, Textes, éléments d'une théorie sociale, Paris, Éditions de Minuit, p. 57. Par contre ces dernières études (Descombes, 1987; Dubois, 1997) n'ont pas souligné certaines autres proximités de la sociologie du roman avec l'oeuvre de Durkheim en particulier un certain "positivisme". Dans le dernier volume, Le Temps retrouvé, le romancier introduit, à travers les réflexions du narrateur, sa propre position épistémologique. Pour analyser le monde social il ne s'agit pas de prétendre saisir tout à la fois, mais d'établir une sélection, construire son objet "comme un géomètre qui, dépouillant les choses de leurs qualités sensibles, ne voit que leur substratum linéaire " (III, p. 718). Il voulait appréhender les phénomènes sociaux "à vol d'oiseau comme fait le statisticien qui néglige les raisons sentimentales et compte seulement le nombre de personnes qui meurent par an" (III, p. 969). On trouve dans le roman de nombreuses autres citations où les faits sociaux sont ainsi appréhendés "comme des choses". Ce thème d'un Proust à sensibilité "scientiste" est développé dans Bidou-Zachariasen (1997). Les citations de A la recherche du temps perdu sont rérerencées par le tome et la page de l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1983.

1l. Du latin ingenium, aptitude innée, disposition naturelle.

12 "Le duc est tout d'une pièce (...) il ne feint pas de cultiver une autre morale que celle dont il a besoin pour se sentir à l'aise. La duchesse, au contraire, est un agent double." Revel (1964) a bien saisi ce décalage d'Oriane par rapport à sa morale de classe, mais il ne l'analyse pas.

13. Éléments de la théorie du roman qui vont encore une fois à l'encontre de ce que Revel (1964) lisait dans Proust: "On a souvent comparé Musil à Proust, ce rapprochement est sans objet car Musil peint des prototypes d'attitudes sociales alors que Proust les décrit comme individus" (p. 212).

14. Ce thème, a été developpé par N. Élias (1991) (ouvrage rédigé en 1939): "Au point de départ de l'interrogation sur la nature du rapport entre les aspects individuels et les aspects sociaux de l'homme, l'emploi des termes "individu" et "société" nous ramène constamment dans l'impasse de faux problèmes insolubles. La vision qu'elle eveille, l'image de deux entités distinctes entre lesquelles il y aurait un gouffre ou même une opposition insurmontable, est pour une part responsable des interminables controverses sur la question de savoir ce qui etait "là" en premier, de l'individu ou de la société […] ou sur l'autre grande question de savoir quel element conditionne l'autre" (p. 131).

15. Proust est proche ici d'un Mauss historicisant la notion de personne. Voir

Mauss, 1960, p. 333-362 (texte extrait du Journal of the Royal Anthropological lnstitute, vol. LXVIII, 1938, Londres).

16. Revel (1964) a dénoncé avec pertinence cette fréquente imputation faite à l'auteur: "La recherche du temps perdu n'est ni le roman d'un revanchard, d'un snob déçu ou brimé ni même la chronique du crépuscule d'une société [...] Proust n'a jamais eu à découvrir les limites du "monde", parce qu'il n'ajamais cru au "monde". (p. 91) [...]. "Proust est aussi peu impressionné que possible par la richesse, aussi étranger qu'on peut l'être à la notion d'élite sociale". (p. 95).

17. Voir Bourdieu (1992), chap.: "Illusion et illusio" (comme investissement dans le jeu), p. 455-458.

18. De nombreux travaux historiques et sociologiques témoignent de la survivance de la noblesse "reconvertie" comme groupe social si ce n'est comme groupe "légal".Voir Colloque international de Toulouse Anciennes et nouvelles aristocraties, septembre 1994.

 

RÉFÉRENCES BIBLlOGRAPHIQUES

L. Belloï, 1993, La scène proustienne, Proust, Goffman et le théâlre du monde, Paris, Nathan.

C. Bidou-Zachariasen, 1994, "De la Maison au salon, des rapports aristocratie/bourgeoisie dans le roman proustien", Actes de la recherche en sciences sociales, n° 105.

- 1997, Proust sociologue, de la Maison aristouatique au salon bourgeois, Paris, Éditions Descartes et Compagnie.

P. Bourdieu, 1992, Les règles de l'art, Paris, Éditions du Seuil.

A. Compagnon, 1983, La troisième république des lettres, Paris, Éditions du Seuil.

V. Descombes, 1987, Proust, Philosophie du roman, Paris, Éditions de Minuit.

J. Dubois, 1997, Pour Albertine. Proust et le sens du social, Paris, Éditions du Seuil.

M. Dubois (éd.), 1994, Sociologies de l'envers, Paris, Éditions Ellipses.

E. Durkheim, 1963, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF (lre ed. 1895).

- 1975, Textes, élements d'une theorie sociale, Paris, Éditions de Minuit.

N. Élias, 1991, La société des individus, Paris, Fayard.

S. Gaubert, 1980, Proust ou le roman de la différence, Lyon, PUL.

J. Gracq, 1986, Proust considéré comme terminus, Paris, ÉditionsComplexe.

A. Henry, 1986, Proust, Paris, Balland (Ire ed., Flammarion, 1983).

- 1978, "Le kaléidoscope", Cahiers Proust, n° 9, Gallimard.

- 1983, "Dans l'enfer des sous-groupes", Proust romancier, Paris, Flarnmarion.

W. Lepenies, 1990, Les trois cultures, entre science et littérature l'avènement de la sociologie, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme.

M. Mauss, 1960, "Une categorie de l'esprit humain: la notion de personne", Sociologie et anthropologie, Paris, PUF.

E. Moine, août-septembre 1970, "Les rapports sociaux: l'un et l'autre", Europe.

M. Raimond, L. Fraisse, 1989, Proust en toutes lettres, Paris, Bordas.

J.-F. Revel, 1964, Sur Proust. Remarques sur "A la recherche du temps perdu", Paris, Éditions Grasset.

G. Tarde, 1890, Les lois de l'imitation, étude sociologique, Paris, Éditions Alcan (Éditions Slatkine, Paris, Genève, 1979).

G. Tarde, 1895, La logique sociale, Paris, Éditions Alcan.

P. V. Zima, 1973, Le désir de mythe, une lecture sociologique de Marcel Proust, Paris, A. G. Nizet.

 

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